Notre rendez-vous du lundi matin
Ca faisait un moment que je devais vous en parler, mais à chaque fois j'ai repoussé l'échéance. Trop de choses à dire, à expliquer, par où commencer...et puis, je me doute bien que la moricité libre ne parle pas forcément à tout le monde. Mais ça y est, cette fois je me lance et je vais vous raconter où Broutille et moi passons nos lundis matins.
Chaque lundi, donc, depuis que Broutille a 3 mois, nous nous rendons à la bougeothèque.La bougeoquoi?????? la bougeothèque!!! pas la ludo, ni la biblio et encore moins la pinaco...la bougeothèque est un espace de motricité libre destiné aux enfants de 3 mois à 3 ans. Alors, d'abord,il faut que je vous explique un peu ce qu'est la motricité libre.
On part donc du principe que de lui-même, et dès le plus jeune âge, l'enfant peut expérimenter selon son envie et à son rythme le mouvement de son corps, la mise en bouche de ses doigts, l’espace autour de lui, la vue des jouets puis leur saisie, la distance à l’adulte…Et Bébé construit ainsi dans une motricité libre, toutes les acquisitions attendues en les découvrant, les répétant, les transformant, les complexifiant….sans avoir besoin d’être guidé ou stimulé. La grande idée est de faire confiance au bébé et ne pas le limiter dans toutes ses actions car nous, adultes, nous sommes souvent à l’affut de toute chute et de tout danger potentiel, parfois de manière excessive. A la bougeothèque, interdiction par exemple d'aider l'enfant par le geste, ou de lui montrer comment faire pour obtenir le résultat qu'il veut. Au contraire, nous devons le soutenir par le regard, par la parole...et s'il n'y arrive pas, le réconforter, lui expliquer qu'il n'est pas encore prêt mais que peut-être la semaine prochaine...Si un adulte cherche à intervenir dans ce développement spontané, naturel, s'ilveut apprendre à l'enfant une posture ou un mouvement il risque d'entraver la bonne marche de ce développement. Il peut introduire une posture alors que l'enfant n'a pas encore acquis les préliminaires à sa réussite dans cette étape là. Cela peut avoir plusieurs conséquences dommageables.
Par exemple, si on met trop précocement un enfant en position assise, l'enfant qui n'a pas suffisamment musclé son dos et exercé son équilibre, le tronc soulevé du sol, ne peut tenir confortablement assis. Son dos en réaction va se voûter. L'enfant pour ne pas tomber sur le côté va devoir consacrer toute son attention à ne pas perdre l'équilibre et ne pourra donc pas jouer dans cette position. Les chutes sur le côté seront des échecs pour l'enfant qui peuvent le décourager de prendre des initiatives par la suite.
L'adulte risque aussi de lui imposer une façon de faire qu'il n'aurait pas naturellement choisie de lui-même. Car l'enfant, en étant attentif à ce que ressent son corps (bien être, crispation, déséquilibre) est mieux placé que l'adulte pour identifier avec précision la petite modification nécessaire pour parvenir au déplacement où à la position qu'il souhaite.
Nous pouvons également lui donner des réflexes inadéquats en intervenant.
Par exemple, lorsqu'on donne la main à un enfant qui commence à marcher, étant donné l'écart de taille entre l'enfant et nous, il marche avec le bras que nous tenons en l'air et quand nous sentons qu'il trébuche, notre réflexe est de tirer son bras vers le haut pour le retenir.
Son corps enregistre donc: quand je trébuche, monter mon bras empêche la chute, et c'est ce qu'il va faire lorsqu'il s'entrainera seul à marcher. Ce qui ne va pas l'empêcher de tomber, mais aussi ne va pas lui permettre d'amortir la chute.
Un enfant qui apprend seul à marcher de lui-même, expérimente que pour éviter de trébucher, il faut écarter les pieds et faire balancier avec les bras à l'horizontal et que diriger les mains vers le sol permet d'amortir le chute.