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La vie en tisanie
1 mai 2013

Notre rendez-vous du lundi matin

Ca faisait un moment que je devais vous en parler, mais à chaque fois j'ai repoussé l'échéance. Trop de choses à dire, à expliquer, par où commencer...et puis, je me doute bien que la moricité libre ne parle pas forcément à tout le monde. Mais ça y est, cette fois je me lance et je vais vous raconter où Broutille et moi passons nos lundis matins.

Chaque lundi, donc, depuis que Broutille a 3 mois, nous nous rendons à la bougeothèque.La bougeoquoi?????? la bougeothèque!!! pas la ludo, ni la biblio et encore moins la pinaco...la bougeothèque est un espace de motricité libre destiné aux enfants de 3 mois à 3 ans. Alors, d'abord,il faut que je vous explique un peu ce qu'est la motricité libre.

Le concept de motricité libre a été créé par Emmi PICKLER à partir de l'étude du développement du bébé et avec cette conclusion : 
Tout bébé, dans un environnement affectif sécurisant,  a les compétences motrices et relationnelles pour grandir et se développer par lui même, sans stimulations supplémentaires. 

On part donc du principe que de lui-même, et dès le plus jeune âge, l'enfant peut expérimenter  selon son envie et à son rythme le mouvement de son corps, la mise en bouche de ses doigts,  l’espace autour de lui, la vue des jouets puis leur saisie, la distance à l’adulte…Et Bébé construit ainsi dans une motricité libre, toutes les acquisitions attendues en les découvrant, les répétant, les transformant, les complexifiant….sans avoir besoin d’être guidé ou stimulé. La grande idée est de faire confiance au bébé et ne pas le limiter dans toutes ses actions car nous, adultes, nous sommes souvent à l’affut de toute chute et de tout danger potentiel, parfois de manière excessive. A la bougeothèque, interdiction par exemple d'aider l'enfant par le geste, ou de lui montrer comment faire pour obtenir le résultat qu'il veut. Au contraire, nous devons le soutenir par le regard, par la parole...et s'il n'y arrive pas, le réconforter, lui expliquer qu'il n'est pas encore prêt mais que peut-être la semaine prochaine...Si un adulte cherche à intervenir dans ce développement spontané, naturel, s'ilveut apprendre à l'enfant une posture ou un mouvement il risque d'entraver la bonne marche de ce développement. Il peut introduire une posture alors que l'enfant n'a pas encore acquis les préliminaires à sa réussite dans cette étape là. Cela peut avoir plusieurs conséquences dommageables.

Par exemple, si on met trop précocement un enfant en position assise, l'enfant qui n'a pas suffisamment musclé son dos et exercé son équilibre, le tronc soulevé du sol, ne peut tenir confortablement assis. Son dos en réaction va se voûter. L'enfant pour ne pas tomber sur le côté va devoir consacrer toute son attention à ne pas perdre l'équilibre et ne pourra donc pas jouer dans cette position. Les chutes sur le côté seront des échecs pour l'enfant qui peuvent le décourager de prendre des initiatives par la suite.

L'adulte risque aussi de lui imposer une façon de faire qu'il n'aurait pas naturellement choisie de lui-même. Car l'enfant, en étant attentif à ce que ressent son corps (bien être, crispation, déséquilibre) est mieux placé que l'adulte pour identifier avec précision la petite modification nécessaire pour parvenir au déplacement où à la position qu'il souhaite.

Nous pouvons également lui donner des réflexes inadéquats en intervenant.
Par exemple, lorsqu'on donne la main à un enfant qui commence à marcher, étant donné l'écart de taille entre l'enfant et nous, il marche avec le bras que nous tenons en l'air et quand nous sentons qu'il trébuche, notre réflexe est de tirer son bras vers le haut pour le retenir.
Son corps enregistre donc: quand je trébuche, monter mon bras empêche la chute, et c'est ce qu'il va faire lorsqu'il s'entrainera seul à marcher. Ce qui ne va pas l'empêcher de tomber, mais aussi ne va pas lui permettre d'amortir la chute.
Un enfant qui apprend seul à marcher de lui-même, expérimente que pour éviter de trébucher, il faut écarter les pieds et faire balancier avec les bras à l'horizontal et que diriger les mains vers le sol permet d'amortir le chute.

Tout cela lui permet de développer par lui même ses compétences motrices mais également son intelligence, en réalisant toutes ces expériences, il analyse, discrimine, catégorise, mémorise, se concentre etc.
A la bougeothèque on trouve donc espace dédié aux bébés qui ne se déplacent pas: et vas-y que je me retourne, que j'attrape mes pieds, les jouets mis à disposition autour de moi, que j'observe les jeux des plus grands. Le grands, eux, ont à disposition des jeux tels que des poupées, des nounours, des petites voitures, mais aussi des ateliers de motricité, des ponts de singes, des échelles, des toboggans... Ils sont libres d'expérimenter, ou pas d'ailleurs. A la bougeothèque, le seul temps qui compte est celui de l'enfant.
Mais comment faire au quotidien...En fait, c'est vraiment tout simple : 
Un tapis et quelques jouets adaptés à son âge dans un espace réservé à Bébé suffisent les premiers mois, puis cet espace évolue en fonction des compétences de Bébé. 
 ...par exemple, quelques caisses quand il commence à prendre appui avec ses mains en hauteur et se redresse à genoux...
Puis, quand l'enfant grandit on le laisse libre de ses mouvements: pas de trotteur bien évidemment, les escaliers sont un excellent atelier, à condition bien sûr que l'expérimentation soit encadrée, la table basse permet au bambin de se hisser....l'enfant apprend par lui-même à être prudent car il connait ses limites, il prend confiance en ses capacités, et donc en lui-même et en son environnement, il développe sa concentration et son autonomie.
Je te conseille d'aller faire un petit tour ici, tu trouveras une petite vidéo de la bougeothèque de ma ville qui explique très bien tout ça (beaucoup mieux que moi). Cette viéo est même passée aux maternelles il y a quelques années, dis-donc!
Alors, tu en penses quoi de la motricité libre? Prête à tenter?

 

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Commentaires
C
L'idée est chouette et carrément cohérente. Mais je crois que j'ai un peu vécu ça avec ma fille, et du coup, ce côté "vas-y tu vas y arriver" sans l'aider...Argh je peux pas quoi...<br /> <br /> <br /> <br /> Quand elle allait à la crèche, les filles me disaient qu'elles laissaient l'enfant se mouvoir seul. Genre ils ne voulaient pas que j'asseye ma fille, dans la mesure où elle n'y arrivait pas seule.<br /> <br /> Ce que je trouvais dommage, car ça lui offrait une vision du monde différente du "assis", "sur le dos" ou "sur le ventre".<br /> <br /> Mais le problème, c'est que par la suite, elle a su apprendre à se retourner du dos sur le ventre, mais pas l'inverse! Du coup, elle restait de loooongs moments sur le ventre, en s'énervant parce qu'elle était bloquée...<br /> <br /> Cette vision d'elle, en larmes, à batailler de toutes ses forces pour se retourner un soir en allant la chercher m'a brisé le coeur.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je suis sûre qu'en théorie, c'est comme ça qu'il faut faire! (Pareil quand on leur donne la main ou quand on les fait "sauter" en leur tirant sur les bras :p)<br /> <br /> <br /> <br /> Sympa le concept de bougeothèque en tout cas! Je ne connaissais pas, merci pr la découverte!
M
En y repensant (pas en me rasant mais sous la douche), je me dis qu'il n'y a que le fait de ne pas aider l'enfant physiquement qui ne m'attire pas. Pour le reste, je suis d'accord avec la méthode : droit à l'expérimentation, prise de risque...
M
C'est vrai que Broutille est encore petite. On a commencé plus tard, vers 7/8 mois. Et comme Judikael n'a toujours pas de dents, ça freine un petit peu, même s'il engloutit les morceaux assez mous.
M
Ce n'est pas la diversification normale de donner de la purée et parallèlement de laisser l'enfant se débrouiller petit à petit ? C'est ce qu'on fait aussi, je n'avais pas l'impression de faire quelque chose de particulier (ch'uis novice :-D). Je n'ai pas approfondi le concept de DME, d'autant que j'étais bien contente qu'il mange des purées, rien que pour espacer les tétées et éviter les cacas de lait qui débordent ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, il faut que je réfléchisse, comme je l'ai dit, je découvre le concept. Ou est la limite entre accompagnement et dirigisme ? Par exemple Judikael a compris que les duplos s'emboîtent mais n'arrive pas à le faire tout seul. Est-ce que ça aussi ça fait partie des choses à ne pas faire ? Si je le fais pour lui, ça ne me semble pas retarder son acquisition de la technique, ni de fausser sa confiance en lui. A priori, hein ! Par contre je suis tout à fait d'accord sur le fait de faire confiance à l'enfant. Mon père me disait récemment qu'à son époque on faisait toujours peur aux enfants "fais pas ça ! c'est dangereux !", et qu'il trouve le développement des enfants de maintenant beaucoup plus harmonieux. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant à moi, oui peut-être que je serais moins tombée, mais peut-être pas ? Est-ce qu'il y a eu des études comparatives ? Maintenant j'ai une bonne confiance en moi et ai toujours été très indépendante, donc au moins je ne suis pas traumatisée ;-)
M
Je découvre le principe en lisant ton article, donc c'est encore tout frais dans ma tête. A priori ça ne m'intéresse pas plus que ça. Entendons nous, je suis d'accord qu'il faut respecter le rythme de l'enfant et qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Mais je trouve aussi assez étrange la tendance inverse, que j'appellerais "naturalisme", où il ne faut surtout rien imposer à l'enfant. En fait ça me fait penser à un mouvement que j'ai vu sur le net, où les parents pensent que les purées c'est le mal absolu, limite du gavage. Ils préconisent d'attendre que le bébé puisse lui-même mettre les choses à la bouche et mâcher.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, peut-être que j'extrapole et que la motricité libre est un concept moins farfelu, mais c'est à ça que ça me fait penser. On a tous été entraînés à marcher les bras en l'air, est-ce que ça a vraiment eu des conséquences néfastes sur notre développement ?
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