Le combat d'une mère de famille
Elles ont été des milliers à subir cette épreuve ce matin. Et le même cauchemar recommencera à 16h30. Laissez-moi vous raconter ce qu'a vécu cette habitante de Bobo-town, qui préfère rester dans l'anonymat.
Ce matin, après une très courte nuit, elle se lève. Elle peine à ouvrir les yeux, à avancer, à différencier le gel douche du shampooing. Mais la maîtresse de sa fille aînée est enfin revenue après une longue absence, il est de son devoir de préparer la troupe, sans ciller, sans faillir. Quand elle descend dans la cuisine, flairant l'odeur exquise du café, son fiancé l'accueille par un 'c'est hallucinant tout ce qui est tombé cette nuit'. Elle jette un coup d'oeil vitreux par la baie-vitrée de sa petite demeure:et là, ce ne sont pas 5, pas 10, pas 20 mais 30 centimètres de neige qui recouvrent sa terrasse. Elle le sait, elle le sent, ca matin, elle aura à subir la pire épreuve de vie de maman.
Elle ne traîne pas à réveiller ses deux filles, encore profondément endormies toutes les deux. Au fond d'elle, elle jubile! ha quelle douce vengeance de réveiller celle qui l'a empêchée de dormir! La grande est folle de joie à la vue de toute cette neige. Il ne faut pas s'attarder, commencer à enfiler toutes les couches qui permettront d'affronter ces températures glaciales.
Le petit déjeuner avalé il faut se mettre en route. Elle enfile à sa grande ses bottes, sa doudoune, ses moufles, son écharpe, son bonnet. Elle met trois gilet à sa petite. Pour elle même, elle prévoit ses chaussures de randonnée, sa jpmbb, son écharpe, son bonnet et son poncho de portage. Au bout de 15 minutes de préparatifs, elles sont toutes les 3 prêtes à sortir, le bébé est bien arnaché contre la mère de famille, admirable dans l'épreuve. Elle sort un pied, puis le deuxième. Ils s'enfoncent, elle a de la neige jusqu'au mollet. Elle ne pense à rien, il faut agir, aller à l'école le plus vite possible, ne pas se retourner.
Le périple débute. La grande s'enfonce jusqu'au genoux, elle peine à avancer, tombe. Sa mère la relève, l'encourage, l'exorte à continuer. Le bébé, lui, est transi de froid. Vaille que vaille, elles avancent, la tête baissée pour ne pas recevoir dans les yeux la neige qui inlassablement continue de tomber. Le vent souffle en rafale; la grande hurle 'arrête de souffler Monsieur Vent! Tu me fais froid!'. Elle tombe à nouveau, n'arrive pas à se relever, râle. Voilà 15 minutes que le périple a commencé, et elles n'ont fait que la moitié du trajet. Sur le chemin, personne, elles sont seules dans cette épreuve .
La grande ralentit, sa mère l'encourage, on y est presque, encore un effort, on va y arriver, il ne faut pas faiblir, pas maintenant, pas après tout ce que nous avons traversé. La grande tombe à nouveau, crie 'je veux pas maman j'ai mal partout' la mère s'endurcit 'moi aussi j'ai mal partout tu ne peux pas laisser tomber maintenant, sois courageuse, on y arrivera tu verras'. Intérieurement elle prie pour que la maîtresse ait pu arriver jusqu'à l'école.
Avec dix bonnes minutes de retard, elles arrivent enfin. La grande est trempée, la petite frigorifiée, la mère épuisée. Et mortifiée à l'idée de recommencer cette terrible épreuve à 16h30.