Aveu de faiblesse
Cela commence le matin, quand, invariablement, elle refuse de dire bonjour. Cela continue lors du petit déjeuner, pour peu que le biberon ne soit pas à bonne température, ou encore qu'il n'y ait pas dans les placards ce qu'elle a décidé de manger, à ce moment précis. Et, de la même manière, toute la journée s'enchaîne, une contrariété en chassant une autre, une crise de larmes en amenant une autre. Elle renverse son verre par terre, jette les pelures de clémentine sur le parquet, griffe le visage de sa soeur, tombe, se cogne, se fait mal, encore et encore. De guerre lasse, nous décidons de sortir pour nous changer les idées. Malheur au passant ou au caissier qui aura l'audace de lui sourire...elle lui décrochera alors une grimace des plus effrontées. Et souvent, telle le lama face au capitaine Haddock, un beau crachat viendra définitivement anihiler la sympathie que ses jolis yeux avaient pu susciter. Nos remontrances n'y changent rien, évidemment. Nous avons beau l'isoler dans sa chambre, hausser la voix, faire les gros yeux,la priver de dessin animé, lui parler, verbaliser ses émotions....nous avons l'impression d'avoir autant d'influence sur elle que sur un chien fou.
Malgré son joli sourire et sa blondeur d'angelot, Broutille n'est pas une enfant facile. Elle a été un bébé exigeant, elle devient une petite fille pénible. On pourra mettre ça sur le dos du Terrible Two, tiens, il tombe bien celui-là....après avoir géré un BABI (Bébé Aux Besoins Intenses), nous pouvons lui donner une excuse supplémentaire. Mais voilà, aujourd'hui je n'ai juste plus envie d'être bienveillante. Parce que les moments passés avec elle sont plus souvent source de tension et de crispation que de joie- et si vous saviez comme ça me crève le coeur de vous dire ça....