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La vie en tisanie
2 avril 2013

Quand la dame de la cheminée se la joue Marie-Antoinette

 

MARIE ANTOINETTE

Samedi- 13h00. Broutille est à la sieste, c'est l'heure pour Tisane de passer un temps calme dans sa chambre. Je l'accompagne, la mets au lit avec assez de livres à feuilleter pour tenir une bonne heure. Une seule consigne: 'je veux que tu restes dans ton lit pour te reposer. Je ne veux pas que tu sortes de ce lit avant que je te le dise.'

Environ trente minutes plus tard, j'entends des petits pas fureter sur le parquet.Absorbée par mon ordinateur, je ne réagis pas. Soudain, j'entends un gros BOUM....quelques secondes après, des hurlements. Je monte à l'étage en quatrième vitesse, ouvre la porte de la chambre de l'aînée, la vois debout sur son fauteuil à côté de la cheminée...par terre, 'la madame de la cheminée' qui se la joue Marie-Antoinette....décapitée par sa chute. Tisane continue de hurler, en me regardant.

 'elle t'a fait mal en tombant? elle est tombée sur ton pied? sur ta main?'

elle parvient à peine à me répondre tant elle suffoque. Je comprends que non, qu'elle se met dans cet état juste parce qu'elle estime avoir fait une bétise, qu'elle a peur de m'avoir déçue, peut-être que je me fâche. Je la prends dans mes bras, essaie de la consoler, lui parle tout doucemen:

'ça n'est pas grave ma chérie, ça arrive à tout le monde de casser quelque chose, tu n'as pas fait exprès, tiens moi l'autre jour j'ai cassé trois verres d'un coup, tu te rends compte?

'ça n'est pas grave alors maman?'

'non,ça n'est pas grave du tout, on essaiera de la réparer.'

Elle se calme.

'Par contre, il me semblait t'avoir demandé de rester dans ton lit. Tu as désobéi, et c'est parce que tu as désobéi que tu as cassé la dame de la cheminée'.

Hurlement à nouveau. Pourtant, je n'ai pas haussé la voix, je n'ai pas pris l'air fâché, je lui ai juste exposé ce fait d'un ton posé en la regardant dans les yeux. Alors pourquoi se met-elle dans cet état? Pourquoi est-elle si effrayée à l'idée d'avoir fait une bétise? Dans son regard, je lis la peur- la peur de nous décevoir. La peur qu'on ne l'aime plus.

Nous n'avons (presque) jamais crié sur elle, encore moins donné de fessée ni même de 'petite tape' sur la main. Ce ne sont pas là nos principes éducatifs. Nous essayons-je dis bien essayons, parce que ça n'est pas facile tous les jours- d'appliquer une éducation non violente -et par violente nous n'entendons pas que la violence physique. Certes, il nous arrive de hausser le ton. Nous lui imposons un cadre strict, des règles à respecter, nos exigeons d'elle une obéissance sans faille. Mais toujours dans la bien-veillance, la bien-traitance (je mets volontairement un trait d'union). Nous la savons hyper-sensible, et surveillons donc nos moindres paroles, dédramatisons au maximum ce qui n'est pas grave- d'ailleurs pas grand chose ne l'est finalement. Nous acceptons ses émotions, sa colère quand elle en a. Nous lui demandons juste de s'isoler quand elle arrive, afin que toute la Tisanerie n'ait pas à la subir. Une fois calmée, elle peut revenir parmi nous.

Il n'est pourtant pas facile de trouver le bon dosage, entre fermeté sur les règles à respecter et une certaine élasticité sur le comportement à adopter. Comment lui faire comprendre que ce qu'elle a fait (et je ne parle pas que de l'incident de la dame de la cheminée) n'est pas bien, sans pour autant dramatiser les faits? Il me semble -je dis bien me semble, car je passe certainement à côté de quelque chose- tout mettre en oeuvre pour qu'elle ait confiance en elle et en nous. Je la rassure en permanence sur notre amour- indéfectible- quoiqu'il arrive- quoiqu'elle fasse. Et pourtant, son angoisse est tellement perceptible au quotidien. Quand elle est absorbée par une activité et que je l'interpelle, je la vois sursauter et, très furtivement, une crainte passe dans son regard. Je l'imagine en train de penser 'quoi... j'ai fait quelque chose de mal?'. Et cette ombre furtive me fend le coeur...qu'ai-je donc fait pour que ma propre fille soit à ce point sur ses gardes?

A l'heure où je vous écrits, je suis pleine de doutes et d'interrogations. Sommes-nous responsables de cette envie- ce besoin, même- d'être irréprochable? Lui avons-nous mis trop de pression sans le vouloir? Comment lui faire comprendre qu'elle peut être elle-même et qu'elle ne nous décevra pas pour autant? Comment lui permettre d'accepter son imperfection? Je n'ai aucune envie de la voir grandir avec tout ce poids sur ses si petites épaules. J'ai juste envie qu'elle soit bien, en harmonie avec elle-même, sans avoir à chercher en permanence l'estime de ses parents. Si vous avez des pistes...je suis preneuse....

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Commentaires
M
Sur ce coup là, je ne vais pas pouvoir t'aider... ma soeur est beaucoup plus calée et forte que moi dans ce domaine. Puis surtout, je crois que parfois, je suis laxiste... enfin je veux dire par là que je n'impose pas énormément de règles à mes enfants. Quand ils n'ont plus voulu faire la sieste, je ne leur ai pas imposé de temps calme dans leur chambre, même si ça m'aurait bien arrangé (pour éviter de péter un plomb)<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois que si j'étais dans ta situation, j'en discuterai directement avec l'enfant, à savoir pourquoi elle a peur, de quoi elle a peur (surtout si tu ne cries pas et qu'elle n'a jamais eu de fessée, que tu ne fais pas de chantage ou de menaces)
S
c'est très difficile de voir son enfant expérimenter la frustration, la peur de décevoir etc... mais l'accompagner et verbaliser, ce que tu fais déjà, me semble essentiel.<br /> <br /> Et se rappeler qu'on ne peut pas les protéger de tout ça et qu'ils se construiront certes sur ce qu'on leur donne mais aussi sur ce qu'ils expérimentent tout seul, on ne peut pas tout contrôler donc déculpabilisation à donf!
C
Pas de piste ou de "formule magique" à te proposer, je doute même qu'il existe une façon de faire parfaite, mais le fait que tu te poses ces questions prouve que tu fais bien: tu es soucieuse de son bien-être, tu lui dis que tu l'aimes et elle a un cadre sécurisant pour grandir.C'est déjà énorme.<br /> <br /> <br /> <br /> Verbaliser et expliquer est -selon moi- la meilleure chose à faire.<br /> <br /> <br /> <br /> Décevoir ses parents est quelque chose de difficile pour un enfant (j'en sais quelque chose).<br /> <br /> Ainsi, pour éviter que ma fille ait autant d'estime d'elle même que j'en ai de moi, je la félicite et l'encourage. Beaucoup.(Peut-être trop, mais je préfère qu'elle soit trop sûre d'elle plutôt que de douter de tout et d'avoir ce besoin constant de reconnaissance qui me bouffe au quotidien). Je crée des situations afin qu'elle soit fière d'elle, qu'elle se dise "je suis une grande, j'en suis capable": nous aider à vider un sac de courses, aller mettre sa serviette à sa place,éteindre la lumière avant de partir... <br /> <br /> Elle se sent investie d'une petite mission et est ravie de cela. J'ai l'impression que ça la booste.<br /> <br /> <br /> <br /> Et lui permettre d'exprimer ses sentiments est important (mais tu le fais très bien).<br /> <br /> Ma fille est très très nerveuse. Nous lui avons expliqué qu'elle avait le droit, si elle en ressentait le besoin, de crier, pleurer ou taper dans un pouf, qui se trouve dans sa chambre. C'est le "coin colère", où elle peut se lâcher et décharger ce qu'elle ressent.<br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, si j'ai bien compris, Tisane est l'aînée? Ne pas lui dire de "montrer l'exemple", éviter de la moraliser sur son comportement pour sa soeur.. Toute mon enfance a été bercée de "Claire, tu es l'aînée, comporte toi de la sorte".<br /> <br /> Etre l'aîné(e), certes, mais être un enfant avant tout...<br /> <br /> <br /> <br /> On se pose toutes ces questions. (Je suis en train de me demander comment faire face à la crise des deux ans de ma fille. Sans crier, sans taper, sans ignorer ses caprices, en expliquant...et c'est super dur), ne te mets pas trop de pression non plus, tu fais bien!
N
Trop compliqué pour moi, je jette l'éponge ! Quelle pression tu te mets, j'en serai incapable. <br /> <br /> Je parie que pour moi placée dans la même situation se sera une claque (s'être levée/avoir cassé/ + le contrecoup de la peur qu'elle se soit blessée) suivie d'un retour au lit et d'un claquage de porte....<br /> <br /> Et oui je suis un faible être humain. Je culpabiliserai donc pendant 1h à peine les escaliers descendus !
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