Let's pretend it's love
Extérieur jour. Je sors de la boulangerie, un pain à la main. Je hâte le pas, il y avait du monde, j'ai peur d'être en retard pour aller chercher Tisane à l'école. Je passe devant une maman accompagnée de son fils de 4-5 ans, et d'un bébé endormi dans une nacelle. Le petit garçon est de dos, il porte une casquette verte. Au moment même où j'arrive à leur niveau, le petit garçon pousse un cri et la main de la mère s'abat sur la joue de l'enfant. CLAC. Le bruit des doigts qui s'abattent avec violence sur la joue. 'Idiot' hurle-t-elle. Probablement a-t-elle eu peur que le cri poussé par l'enfant ne réveille le bébé, en tous cas c'est ainsi quemon cerveau embrumé par ce que je viens de voir interprête la scène. L'homme qui marche devant moi se retourne. Pas moi. J'accelère. La nausée m'envahit en même temps que la colère. Le bruit de cette gifle résonne dans ma tête. De ce petit garçon, je ne connaitrai jamais le visage, ni le prénom. Seulement la voix. Et pour lui un profond sentiment de tristesse et d'empathie. A-t-il seulement pleuré après cette gifle? Je ne saurais le dire, j'étais déjà trop loin, trop vite.
Aurais-je dû m'arrêter? aurais-je dû expliquer à cette maman dépassée que ce qui est toléré par la loi française n'est pas une méthode éducative acceptable ? qu'en donnant cette gifle à son enfant, elle faisait naître en lui un sentiment d'abandon et d'humiliation, et qu'elle lui apprenait que la violence était le seul moyen de résoudre un conflit?
Encore une fois, j'ai fait semblant de ne pas voir, j'ai prétendu que ça n'était pas grave, et si on disait que c'était juste une toute petite gifle comme ça en passant, que ça ne se reproduirait plus, que ce petit garçon vivait dans un foyer bienveillant et bientraitant...Et si on disait...