On continue à vivre avec
Je vous avais laissées fin juin avec des nouvelles de Tisane sortant de l'hôpital. Pour mémoire, il s'était passé ça. Et ça. Puis encore ça. Tisane avait profité de l'été pour se remettre sur pieds. Nous continuions les bandelettes urinaires une fois par semaine, respirant un grand coup quand le petit carré humidifié virait au jaune, et non au bleu.
Au fond de moi, l'angoisse était pourtant bien là. Cétait la deuxième hospitalisation de Tisane, et si la première fois j'en avais conclu à un mauvais passage, un coup de pas de bol, un petit accident de parcours, je me suis cette fois posé des questions sur la fragilité apparente de ma fille. Dès lors, plus rien ne me semblait anodin. Se plaignait-elle du ventre ou de la tête? je sentais alors une petite alarme clignoter dans mon coeur: attention Teach, garde bien l'oeil ouvert et veille sur ta fille. Tout peut partir en vrille en un instant.
Lorsqu'elle a déclaré une otite il y a une semaine et demie, mon alarme ne s'est pas vraiment déclenchée. Quand j'ai constaté qu'elle avait du mal à se remettre, que le fièvre revenait et la toux persistait, là j'ai commencé à m'inquiéter. J'ai pris la peine de téléphoner à mes parents chez qui elle était en convalescence pour leur demander de surveiller ses jambes. Quand ce matin, avant de partir pour l'école elle m'a dit qu'elle avait 'extrêmement mal aux jambes', mon coeur a fait un salto arrière. Accompagné d'un double lutz piqué quand l'Atsem m'a téléphoné à 9h30 pour me dire que Tisane était en larmes et qu'elle avait très mal. Tout a rejailli dans ma tête. Je nous ai vues repartir à l'hôpital, je l'ai vue hurler, transpirer, j'ai senti l'odeur sucrée de ses cheveux mouillés de sueur quand les infirmières se sont acharnées sur elle.
Ce soir, les douleurs ont disparu. Docteur Marsupilami m'a assuré que tant qu'il n'y avait que des douleurs et pas de lésions cutanées, il n'y avait pas à s'inquiéter. Que les récidives était extrêmement rares.
Et pourtant, je sentais. Je savais depuis lundi que cela allait arriver. Se pourrait-il que nous les mères sentions à l'avance les douleurs de nos petits? J'ai essayé de tourner le problème dans l'autre sens: se pourrait-il que Tisane ait senti mon inquiétude et ait développé certains symptômes pour 'ne pas me décevoir'?
Aujourd'hui, Tisane n'a rien. Le purpura ne reviendra pas cette fois. Mais je sens que je dois veiller sur elle. Je la sens fragile, je me sens inquiète. Et tout cela a beau me sembler bien irrationnel, je prie pour que mon instinct me trompe.