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La vie en tisanie
17 février 2013

Pourquoi j'aime (pas trop)....Les lisières

lisières                    Les Lisières, d'Olivier Adam


Parce que même si j'ai un petit côté bisounours, je ne peux pas toujours tout aimer.... J'inaugure aujourd'hui pour vous la catégorie Pourquoi j'aime (pas trop). Et c'est l'auteur Olivier Adam qui a le priviliège de débuter cette catégorie pas choupi!

Olivier Adam, vous le connaissez forcément, c'est lui qui a écrit Je vais bien ne t'en fais pas,  adapté au cinéma avec une Mélanie Laurent qui tire toujours la tronche, et un Kad Merad qui pour une fois ne fait pas le guignol. Olivier Adam, ou le 'Poulidor de la littérature', comme il se plait à le répéter, puisqu'il est perpétuellement écarté des grands prix alors que plébiscité par les libraires.

De quoi ça parle? Tout va mal pour Paul Steiner, héros du livre et double de l'auteur. Sa femme l'a quitté, ses enfants lui manquent, il méprise et est méprisé par le St Germain auquel il appartient néanmoins. En plus de ça, son père, qui ne l'a jamais aimé, s'apprête à voter FN, sa mère sembe souffrir d'alzheimer, son frère le déteste, mais il est contraint d'aller passer quelques temps en banlieue, dans la maison de son enfance, pour venir en aide à son père en détresse. Il y retrouve d'anciens camarades, soit au chômage, soit dépressifs. Et celui qu'il ne retrouve pas est en fait mort d'une pneumonie après être devenu SDF. Et tout ça se passe avec en toile de fond la catastrophe de Fukushima au Japon, terre de coeur de l'écrivain où il rêve de finir ses jours. Bon soit, je prends beaucoup de raccourcis, mais avouez que ça fait un petit peu beaucoup pour un seul homme, non?

Pourquoi j'aime pas trop? s'il y a bien un truc que je déteste dans la littérature française actuelle, c'est le côté nombriliste que l'on retrouve chez beaucoup d'auteurs. On n'y échappe pas ici....Très rapidement, on a bien conscience que Paul et Olivier sont une seule et même personne. Oliver Adam a donc tendance ici à se (la) raconter:sa vie, son enfance, ses parents qui ne l'aiment pas, son ex, son mal-être et blablabla.... et pour être tout à fait honnête, moi ça m'ennuie. Parce qu'avec tout ça, on attend l'intrigue. Mais elle n'arrive jamais. Le côté paradoxal de la chose, c'est que les propos que je suis en train de vous tenir, il les met lui-même dans la bouche de nombreux personnages (son père, son frère, un pote de banlieu...) qui reprochent à l'écrivain son petit côté 'personne ne m'aime' d'enfant fâché. Il a donc tout à fait conscience de son ton geignard et complaisant, mais il en use et en abuse. Et de lamentations en jérémiades, Paul revient sur son enfance, ses regrets, son futur incertain.

Paul se tient aux lisières, car il n'appartient à aucun des deux mondes qu'il fréquente et qu'il oppose: la classe moyenne des banlieues, qui ne s'en sort pas, qui peine à joindre les deux bouts, qui déprime. Et le microcosme littéraire de St Germain des Près, qui se la pète. Paul ne se sent bien nulle part: ni chez 'les ploucs', dont il méprise les goûts musicaux, la vie qu'il juge étriquée ou le manque d'ambition; ni chez les intellos, au milieu desquels c'est lui, le plouc. Enfin voilà, le grand déballage de cet homme mal dans sa peau m'a trop souvent mise mal à l'aise pour que je puisse apprécier la lecture de ce roman.

Je lui ai néanmoins trouvé quelques points positifs et intéressants. Tout d'abord, j'ai apprécié ses réflexions sur cette France majoritaire et silencieuse, cette France qui se lève tôt mais qui a du mal à survivre, à s'extraire de son milieu. Ces réflexions donnent au roman un petit côté 'roman social' qui n'est pas pour me déplaire. J'ai ensuite beaucoup aimé la façon dont il traite les relations familiales, notamment les conséquences de secrets de famille trop bien gardés. Et enfin, j'ai trouvé son écriture plutôt fluide: autant le fond et dense et difficile à digérer, autant la lecture en elle-même se fait aisément.

On termine avec quelques extraits qui vous donneront envie -ou pas- de plonger dans l'univers de cet écrivain tourmenté:

Voilà lui avais-je dit. Je suis un être périphérique; Et j'ai le sentiment que tout vient de là. Les bordures m'ont fondé. Je ne peux jamais appartenir à quoi que ce soit. Et au monde pas plus qu'à autre chose. Je suis sur la tranche. Présent, absent. A l'intérieur, à l'extérieur. Je ne peux jamais gagner le centre. J'ignore moi-même où il se trouve et s'il existe vraiment. La périphérie m'a fondé. Mais je ne m'y sens plus chez moi. Je ne me sens aucune appartenance nulle part.

 

 Manon avait toujours été cette enfant aux grands yeux bleus écarquillés, pleine d’allant et de fantaisie, si légère que je redoutais parfois qu’elle ne fût ma fille, moi qui avait tant de mal à me mouvoir dans ce monde, à lui faire confiance, moi qui était si lourd et emprunté, comme un emmuré vivant.

 

Mon père avait toujours trouvé que j’avais trop tendance à me plaindre, à gémir, à geindre comme il disait. Et à ses yeux mes livres n’avaient fait que confirmer ce jugement.

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Commentaires
S
merci pour ce book review, ce livre est dans ma liste de livres à lire, je verrai donc ce que ça donne :)
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